Mal connu il y a encore 15 ans en France, la demande pour des coachs est sans précèdent. Issue de l’imagerie sportive et popularisée par les médias et les émissions de télé-réalité, une image souvent, sinon toujours, fausse s’est dessinée dans le conscient collectif. On envisage le « coach » qui motive, qui conseille, qui pousse. Souvent dur « par nécessité », parfois tendre. Celui qui est créatif et imagine des solutions. Celui qui réussit aussi. Une image biaisée qui s’applique à une profession en mutation et mal de reconnaissance. Jusque-là.

Une nécessaire organisation et un cadre qui se développe

Depuis les années 2000, l’établissement des chartes par les fédérations et le dégagement d’axes communs, la profession s’unit et développe des fédérations comme l’EMCC, l’ICF ou d’autres. Et elle en a bien besoin, car si le regard côté client est biaisé, la pratique côté professionnels l’est aussi et l’on associe au coaching tout ce qu’on peut classer dans la catégorie développement personnel (y compris les techniques d’améliorations des performances) mais aussi dans la catégorie ésotérique. Ce mélange des genres conduit à des demandes en tous genres, à des pratiques plus ou moins douteuses. C’est ainsi que le cadre qui s’avérait déjà nécessaire pour préserver la sécurité ontologique des clients, s’avère nécessaire à garantir la sécurité même du coach dans sa pratique. Cette capacité à intégrer ces deux dimensions fait au final partie du métier même de coach, de même que sa capacité à évaluer ce qui naît de cette relation. Il s’agit même d’un des fondamentaux de la discipline : être toujours suffisamment lucide pour rester à l’intérieur de la relation de coaching et en définir le cadre.

La place du coaching au milieu de ses frères et sœurs

Conseil, formation, psychologie, le coaching a su se faire sa place à côté de ces disciplines bien identifiées. Si toutes partagent un socle académique : les Sciences Humaines, elles n’en sont pas moins réellement différentes les unes des autres, toutes utiles, toutes complémentaires. Le coaching apporte la dimension d’accompagnement du changement et de la transformation de soi ici et maintenant qui manquait à ces disciplines. En effet, ces domaines touchent tous à la notion de changement de l’individu mais aucune ne l’accompagne aussi concrètement (psychologie, conseil) et profondément (formation).

Une indispensable supervision

À ce stade, je suis les recommandations de l’EMCC et de l’ICF. Il me paraît essentiel au vu de mon expérience de conseil et de formation ces dernières années, que le coach puisse s’inscrire dans un processus de supervision important par sa fréquence et son acuité.

En effet, travailler sans temps pour travailler sur soi, ses pratiques, ses clients, est un non-sens absolu dans une relation d’accompagnement. Cela demande un recul qui, bien que cadré par les auto-évaluations, ne peut se concevoir, même pour les plus doués d’entre nous, que dans l’altérité. Penser le contraire serait prétentieux er dangereux.

C’est une dimension qui est parfois totalement absente et souvent épidermique pour les professionnels des différentes disciplines que sont le conseil, la formation et l’enseignement. Pour certains avec qui j’ai pu discuter, cela est perçu comme une véritable attaque. Or, il ne peut revenir à un seul Homme et à un Homme seul de porter sur lui la responsabilité de tout ce qui peut mal tourner dans une relation interpersonnelle, tant pour lui que pour son client. Nous sommes Humains, faisons-en sorte de rester humbles, quoi qu’il nous en coûte.